La province est une galaxie reculée et poussiéreuse de seconde zone peuplée
d'âmes étriquées aux rêves de concierges.
Pourtant, par-delà ses aspects plombés, ses pluies mortelles et ses figures
locales sclérosées (qui parfois peuvent d'ailleurs se révéler pittoresques et
enchanteresses), elle brille malgré tout, à sa manière.
En effet, les sous-préfectures et autres contrées terreuses de la France chaussée de sabots mentaux ne sont pas constituées que d'obscures étendues parsemées de bouses de
vaches desséchées : elles recèlent également des profondeurs lumineuses, des jours
glorieux et des personnages remarquables.
Qu'ils soient furieusement enracinés dans le réel ou bien doucement égarés
dans l'imaginaire, leurs acteurs aux lourdeurs de mégères et aux légèretés de
poètes se montrent tels qu'ils apparaissent dans les allégories d'Epinal : ridicules et sublimes, minables et poignants, grotesques et touchants, misérables et royaux, mesquins et magnifiques.
Héroïques dans leurs petitesses, pathétiques dans leur bêtise et même flamboyants sans le vouloir, ils sont
avant tout VIVANTS.
Brûlants de vérité.
Souvent pitoyables mais toujours humains, définitivement
humains.
Et finalement, attachants aux yeux des observateurs bienveillants que nous sommes, nous
les esthètes civilisés habitués des salons parisiens, nous les gens d'esprit issus de la capitale dorée, parfumée, épargnée.
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